10 ans déjà - Hommage à mon ami Serge Benattar z'al (voir la vidéo ci-jointe)

Crédit photo ©Actuj sur la photo Serge Benattar z'l 

Tous ceux qui l'ont côtoyé vous le diront - Serge était un tsadik. Ce qui m'a frappé quand je l'ai rencontré pour la première fois en 1993, c'était sa grande humilité, la marque des grands hommes. Il était un écrivain hors pair, doté d'une intelligence, d'une sagesse et d'une noblesse d'âme incomparables et d'une grande érudition en Torah. Mais avant tout, il était mon ami que j'aimais tant, toujours à l'écoute. Il incarnait la bonté et la gentillesse. 

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Le 27 juillet 2011 - 25 Tamouz ce grand prince nous a quittés, à l'aube de ses 63  ans, sur la pointe des pieds, sans crier gare. Après avoir passé 5 ans à promouvoir mon association outre-Atlantique, je rentrais tout juste de Montréal. Je m'en souviens comme si c'était hier. La veille au soir, mon ami Yoël Benhamou (que je salue au passage), m'a appelé pour me faire part de la triste nouvelle. 

J'étais bouleversée. Les larmes coulaient à flots; je ne pouvais plus parler. Yoël était également dans l'incapacité de dire quoi que ce soit. Tout s'est bousculé dans ma tête, je n'avais qu'une pensée, sa veuve, mon amie Lydia. Comment évoquer Serge sans évoquer Lydia? L'un ne pouvait pas exister sans l'autre, et je sais de quoi je parle. 

Pendant tout le temps que j'étais au Canada, Serge et Lydia ont eu l'immense gentillesse de garder mes effets personnels, dans l'un des bureaux d'Actualité Juive, m'évitant ainsi les frais d'un garde meuble. Chaque fois que j'appelais de Montréal, c'était Serge qui décrochait le téléphone. ''Ça  va Rebecca ? Alors quand est-ce qu'on t'envoie tes affaires ?" La réponse fut: "Bientôt Serge'' (éclat de rire). Selon vous, qui aurait fait preuve d'autant de générosité? À mon avis, très peu de personnes.

En écrivant ces quelques lignes, les larmes coulent...Je dois avouer que j'ai longtemps hésité avant de rédiger cet article. Et puis ce dimanche, en surfant sur le net, j'ai découvert par hasard la vidéo de Shimi Tavori; la chanson écrite par Serge et produite par mon ami *Yoel B. Je me suis empressée d'envoyer un petit message à Yoel pour lui faire savoir que je venais de regarder sa vidéo. Je vous laisse la découvrir. 

Bon les amis, vous l'avez compris, Rebec est en ce moment, en mode "Souvenir, souvenir''. Tout y passe, les albums de l'association. Bien évidemment, Serge y figure. Et puis, j'ai relu sa dédicace dans le livre d'Or, qu'il a écrit en 2004, que je partage avec vous aujourd'hui, pour la 1ère fois...(encore des larmes). Quand je m'y mets, je pleure comme une madeleine. (éclat de rire)

     Crédit photo © Tov Alliance Dédicace S. Benattar z'l 

En me remémorant tous ces souvenirs, je revois Serge derrière son bureau. À l'entrée se trouvait une grande bouteille contenant des pièces pour ceux qui s'en souviennent. Un jour, je lui ai demandé : "Mais que fais-tu avec tout ça?"  Il y en avait des milliers. Il a éclaté de rire et m'a répondu en plaisantant : "Je les donne à la Tsedaka." Parlons-en de la tsedaka. Il n'avait pas son pareil, tout dans la discrétion.  

      Crédit photo © Tov Alliance - Parc des expositions 2004

Un modèle de Hessed et de générosité 

Que ce soit pour la braderie organisée, au profit des orphelins de Tsahal et victimes d'attentats, en juillet 2002 à la mairie du 11ème ou celle l'année suivante, au profit de notre Gmah Haknassat Kalla, chez le Rav Abergel, Serge répondait toujours présent, avec Lydia à ses côtés, malgré leur emploi du temps chargé. Il est indéniable que l'affection et le soutien qu'ils m'ont témoignés étaient réciproques. En parlant de Serge, je ne peux m'empêcher de penser à Lydia, que j'embrasse très fort en passant.

        Crédit photo © Tov Alliance -Serge au stand Actuj

À l'époque, je me rendais souvent dans les bureaux d'Actualité Juive vers 23h, pour revoir les pubs avec Lydia autour d'un  café. Pendant ce temps, Serge écrivait son fameux édito hebdomadaire dans le bureau à côté. J'avais droit avec Lydia à la primeur. Que du bonheur ! 

Vers le petit matin, Serge et Lydia m'invitèrent chez eux. Serge me dit : "Tu sais, Rebecca, tu es l'une des rares à venir à la maison. Je vais préparer des pâtes. Ça te dit?" Imaginez à 5 heures du matin... Rebec en train de manger des pâtes, préparées par Serge lui-même!  Il était la générosité personnifiée. 

Je peux encore écrire des paragraphes entiers à son sujet, tant qu'il y a des anecdotes à raconter. Je vais tout de même partager avec vous une petite dernière. Un soir d'hiver glacial de décembre 2004, j'ai reçu un appel que je ne pourrais jamais oublier. Mon ami Patrick Journo (que je salue au passage) m'a téléphoné en catastrophe. Il était 22h. J'étais en pleine réunion avec mon comité. ''Rebecca, tu ne vas pas me croire. On a trouvé une famille dormir sous les ponts de Paris, avec pour seul couverture un bout de carton...'' J'étais abasourdie!! ''Quoi ce n'est pas possible ? Et que font nos institutions?'' Le sang m'est monté à la tête. J'ai hurlé d'indignation! 

Pour ceux qui se souviennent, nous nous occupions de centaines de familles en France et en Israël, au sein du Fonds d'Aide Solidarité Tov Alliance, que j'avais mis en place pour les plus démunis. Il nous arrivait parfois de collaborer avec d'autres associations, comme ce fut le cas avec Patrick.

Le soir suivant, Patrick et moi avions prévu de nous retrouver dans les bureaux d'Actuj, avec mon coup de gueule écrit à la va-vite pour le publier. Un bras de fer (façon de parler) s'ensuivit entre Serge et moi. Serge me dit, après avoir lu très brièvement ce que j'avais écrit, ''Rebecca  tu ne te rends pas compte. Je ne peux pas publier ça''.. ''Ah bon?" Je vous passe les détails de ma réaction. J'étais outrée. Patrick, à mes côtés, et Lydia qui observait calmement la scène, c'était drôle à voir.

J'ai répondu à Serge : "C'est clair, si tu ne le publies pas, sois sûr que je ne t'adresserai plus la parole." C'est inadmissible ce qui se passe dans la communauté.'' Lydia comme toujours a pris ma défense et Patrick  était en diapason avec elle. Finalement, la semaine suivante, mon coup de gueule est apparu en page 6, avec en prime, mon texte remanié à la ''Sauce Serge Benattar". Il n'a pas pu s'en empêcher (éclat de rire). Je n'avais pas le choix. Ce qui importe vraiment, c'est que j'ai réussi à obtenir gain de cause pour le bien de la communauté. Et Serge aimait profondément la Communauté Juive de France. 

Pour conclure, Serge, si ''par hasard'' tu me lis de là-haut, toi qui étais le grand défenseur de la communauté, je t'en supplie intercède auprès du Tout Puissant, pour qu'IL ait pitié de ses enfants et nous envoie la délivrance tant souhaitée. Je sais que je peux compter sur toi et je suis certaine que là où tu te trouves, tu disposes d'une place de choix, entouré des plus grands tsadikim.

Serge z'l restera à jamais une rencontre extraordinaire et laissera dans mon cœur un souvenir impérissable. Que son âme repose en paix dans les plus hautes sphères du Gan Eden et que sa mémoire soit source de grandes bénédictions. Amen vé amen. 

Rebecca Teboul

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