Plus de 10 ans après sa disparition, on continue d'insulter la mémoire d'Ilan Halimi z'l


Jusque dans sa mort Ilan Halimi aura été poursuivi par cette haine. Haine antisémite, celle de la bêtise humaine la plus crasse. Sa stèle a été encore une fois profané.


Notre fille aînée s'est mariée le 26 février 2006, le jour de la marche en hommage à Ilan Halimi. Tous les invités étaient venus avec des baskets dans leur sac pour ensuite rejoindre le cortège. Il n'y avait pratiquement que des juifs à la manifestation". Ce ressenti correspond à la description que fit la presse de cette manifestation. Cette absence de réaction et de solidarité de la société française perçue par la communauté juive lors des affaires Halimi puis Merah offrait un contraste saisissant par rapport à la grande manifestation qui fut organisée en mai 1990 au moment de la profanation du cimetière juif de Carpentras.

Février 2006. La police trouve le corps moribond d'Ilan Halimi sur le bord d'une route à Sainte-Geneviève-des-Bois, nu, brûlé à 80 %. Kidnappé, il a été séquestré et torturé pendant les trois semaines qui ont suivi dans une cité HLM de Bagneux dans les Hauts-de-Seine. Il succombera à ces 24 jours de torture.soir-là, le 20 janvier 2006, le jeune homme de 23 ans dîne chez sa mère, comme tous les vendredis. Il va ensuite à son premier rendez-vous avec Yalda, une jeune femme qu'il a rencontrée boulevard Voltaire, dans la boutique de téléphonie où il travaille. Après avoir pris un verre avec elle, il accepte de la suivre dans son studio de la banlieue sud de Paris. Arrivé à destination, Ilan Halimi est extirpé de sa voiture par des individus qui le rouent de coups, l'assomment et le jettent dans le coffre d'un 4X4.


Le lendemain, Youssouf Fofana adresse un mail à la famille Halimi dans lequel il réclame 450.000 euros en échange de la libération de leur fils, de leur frère, Ilan. La famille prévient alors la police, et la brigade criminelle, l'unité d'élite de la police judiciaire de Paris, se saisit de l'enquête. S'en suivent de longues heures d'angoisse, d'incertitudes et d'espoirs déçus pour la famille de la victime. Car pendant trois semaines, le gang des barbares va mettre en échec l'élite de la police française, qui a opté pour la stratégie du silence, en conseillant aux proches d'Ilan Halimi de ne pas ébruiter l'affaire, en décidant de ne pas diffuser de portrait-robot de Youssouf Fofana, et en conseillant à la famille de ne pas payer de rançon. Surtout, les enquêteurs ont négligé le caractère antisémite de l'affaire au profit de la piste crapuleuse.

La stèle posée à Bagneux (Hauts-de-Seine) en hommage à la mémoire d'Ilan Halimi a été une nouvelle fois profanée, a indiqué la maire de la ville Marie-Hélène Amiable. La plaque, disposée dans un parc communal, a été découverte ce matin de la Toussaint par un couple de promeneurs, "couverte d'inscriptions antisémites et d'insultes".

Cet acte est une nouvelle insulte à Ilan Halimi, à sa famille et à toutes celles et ceux qui luttent contre l'antisémitisme. Leurs auteurs doivent être, cette fois-ci, interpellés et traduits devant la justice. Les paroles, les mots, sont une arme. Une enquête est ouverte pour "dégradation volontaire" et "la police scientifique a emmené la stèle pour faire des analyses complémentaires". Selon le parquet de Nanterre, une croix gammée et le nom "Hitler" ont notamment été inscrits sur la stèle posée en mémoire du jeune homme en 2011 et dégradée une première fois en 2015. "Dégradation volontaire" ces termes semblent plus appropriés pour la destruction d'un abribus.

Jusque dans sa mort Ilan Halimi aura été poursuivi par cette haine. Haine antisémite, celle de la bêtise humaine la plus crasse. La profanation d'une stèle est un acte sacrilège. La profanation est un manque de respect du sacré. La mémoire d'Ilan Halimi est sacrée pour tous ceux qui respectent les valeurs de la République, celles du vivre ensemble, de la tolérance, de la fraternité.


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