Les Hommes viennent de Hokhmah, les Femmes de Binah et tout ça sur la même planète!


Après une longue et harassante journée de travail, suivie par le parcours du combattant habituel dans les embouteillages des heures de pointe, Joe finit par arriver chez lui.


Il n’avait qu’un seul désir : s’enfoncer profondément dans son fauteuil préféré et lire tranquillement le journal du soir. En tournant la clé dans la serrure, Joe entendit le sont familier de sa femme Sarah dans la cuisine.

 « Bonsoir, Sarah. Je suis là ! », annonça-t-il gaiement.« Bonsoir, chéri. J’arrive tout de suite ! » répondit Sarah d’une voix qui sonnait à la fois enthousiaste et fatiguée. « Comment s’est passée ta journée ? » lui demanda-t-elle en le rejoignant dans le salon. « Bien. » répondit-il, se délassant dans le fauteuil si convoité. La seule chose à laquelle il pensait en cet instant, c’était au plaisir de se retrouver enfin chez soi.

« Comment s’est passé ton rendez-vous ? » s’enquit Sarah, observant ses traits avec attention.

« Super. » répondit-il tout en parcourant le journal.

« M. Cohen a-t-il apprécié ta présentation ? » continua Sarah.

« Oui, » marmonna Joe, et, levant vers Sarah un regard souriant, il reprit « Beaucoup. »

« Et alors ? Qu’est-ce qu’il a dit ? » lui demanda encore Sarah.

Joe acquiesça de la tête d’un air fatigué et, sans la regarder, réussit à émettre « Il a juste dit que c’était bien. »

Un instant de silence inconfortable passa alors entre Joe et Sarah. Joe ne le sentit presque pas, mais il jeta quand même un coup d’œil vers sa femme et remarqua l’air déçu qui venait d’apparaître sur son visage. S’en voulant de ne pas lui rendre l’intérêt qu’elle lui témoignait, il la regarda dans les yeux et demanda poliment « Alors, comment a été ta journée, Sarah ? »

Le visage de Sarah s’illumina d’un coup et elle s’assit en face de lui. « Et bien, tout s’est bien passé, il me semble... » commença-t-elle lentement, attendant qu’il l’encourage par une nouvelle marque d’intérêt. Mais, comme il ne dit rien, elle continua, « Tu te souviens de Hanna, ma collègue ? Et bien la porte de chez elle s’est cassée et elle n’a trouvé personne pour la réparer, alors Francis lui a donné le numéro de son réparateur et il était censé passer ce matin chez elle pour réparer la porte. Hanna a attendu des heures et des heures et le réparateur de Francis a oublié de venir. Donc Hanna s’est retrouvé coincée chez elle à attendre. Elle ne pouvait pas partir avant d’avoir réparé la porte. Tu imagines une chose pareille ? Bref, elle est arrivée très tard au bureau et, entre temps, c’est moi qui ai dû prendre tous ses appels et ses rendez-vous. Tu n’imagines pas la panique que c’était. »


Sarah s’arrêta un instant, attendant une réaction de Joe. Celui-ci émit un petit « Mmmh » de sympathie et la voilà repartie : « Et puis, à midi, je devais retrouver Debbie, mon amie dont je t’ai parlé qui vient de s’installer en ville. Tu te rappelles d’elle ? » Cette fois-ci, Sarah n’attendit pas de réponse. Le regard de Joe flottait dans le vague. « Et bien, Debbie et moi devions nous retrouver pour déjeuner, mais son fils, Jonathan, qui est dans le même CE1 que notre Jacob, est tombé malade. Debbie a dû annuler notre déjeuner à la dernière minute. Oh, mais ça me rappelle, » Sarah eut tout à coup l’air inquiète. « Jacob ne se sentait pas bien quand je l’ai récupéré à l’école cet après-midi et il dort dans sa chambre maintenant. Tu te rends compte que Jacob est en train dormir au milieu de la journée ? » « Hein ? » réussit à émettre Joe. « Ah, oui. Il ne doit vraiment pas se sentir bien. »

« Je devrais aller voir comment il va. » conclut Sarah en se dirigeant au pas de course vers la chambre du petit Jacob. Joe poussa alors un soupir de soulagement et retourna à la lecture de son journal. Partout en France et dans le monde entier, des millions de maris et de femmes se retrouvent à la fin de la journée pour un scénario semblable à celui-ci. 

 Elle l’accueille et le questionne avidement sur le déroulement de sa journée. Il répond par des phrases à un mot que c’était super, bien ou nul. S’il pense à lui témoigner, à elle aussi, de l’intérêt, il est sûr de se farcir un compte-rendu détaillé de tout ce qui lui est arrivé au travail… ou de ce que les enfants ont fait à la maison… ou de ce qui est arrivé au voisin d’à côté ou à la collègue de travail.Il se demandera s’il elle en aura jamais fini de sa longue litanie de détails embrouillés et insignifiants et quand elle en viendra aux faits. Et elle, elle sera frustrée qu’il ne soit pas plus loquace au sujet de sa journée ou qu’il ne témoigne pas un peu plus d’intérêt quant à la sienne pour qu’ils puissent mieux partager l’un avec l’autre leurs sentiments et leurs expériences vécues. Nous sommes ici en présence de la confrontation de ‘Hokhmah (la conception) et de Binah (l’analyse). Lui emploie sa ‘Hokhmah, le mode cognitif masculin, alors qu’elle utilise sa Binah, ses capacités intuitives féminines.
 
Que sont Hokhmah et Binah ?

La façon dont nos méninges fonctionnent veut que nous activions tous en premier lieu notre ‘Hokhmah et ensuite seulement notre Binah dans chacun des processus mentaux qui se déroulent dans nos esprits. La Hokhmah est le premier éclair de discernement dans le cheminement mental. C’est elle qui procure le frisson induit pare une idée nouvelle. Lorsque l’on est « coincé » par une nouvelle notion, on est en mode Hokhmah. La Hokhmah, c’est ce sentiment d’avoir « capté » quelque chose de neuf,  l’idée que l’on vient de concevoir. Mais elle est seulement « conçue », elle n’a pas encore été développée, ni même vraiment comprise. Binah, à l’inverse, est la systématisation méticuleuse de la solution conçue par la  ‘Hokhmah. À travers la Binah, nous rentrons dans les aspects particuliers impliqués par cette idée nouvelle et les passons au crible.

Le petit David, âgé de quatre ans, s’ennuyait. C’était un morne jour de pluie et tous ses camarades s’étaient déjà mutuellement invités quand sa mère avait essayé de lui trouver de la compagnie cet après-midi là. « Et si tu construisais quelque chose avec tes cubes ? » suggéra sa maman triomphalement. Julien regarda ses cubes de bois aux couleurs ternes et pris un air encore plus renfrogné. « Et qu’est-ce que je devrais construire ? » demanda-t-il.

« Je suis sûre que tu vas trouver quelque chose de magnifique à construire. » l’encouragea sa mère. Julien resta assis plusieurs minutes devant le grand coffre qui lui faisait face. Soudain, son visage s’éclaira. On aurait dit qu’une ampoule électrique s’était allumée dans sa tête.
Effectivement, une ampoule s’était allumée dans sa tête. L’ampoule de la Hokhmah, la conception. La faculté de ‘Hokhmah de Julien venait de concevoir une nouvelle grande idée. « Je sais ! » dis Julien en exprimant sa pensée à voix haute. « Je sais ! », il sourit avec enthousiasme, tout excité par cette bouffé d’inspiration. Mais, quelques instants plus tard, son visage repris une expression plus sérieuse. Il resta assis à se concentrer pendant plusieurs minutes. On pouvait presque entendre les rouages de son cerveau qui projetaient, imaginaient, conjecturaient. C’est bien ce qui se passait, en effet. La machinerie de Binah prenait le relais en ces moments où Julien se concentrait sur les détails de la structure que sa ‘Hokhmah venait de faire naître dans son esprit. Il s’est représenté les différentes parties de sa construction puis a méticuleusement quantifié les étapes de son plan dans son esprit.

La Hokhmah est la conception. Le premier éclair d’inspiration qui vient à l’esprit.
 
Lorsque l’on s’attelle à résoudre un problème, la ’Hokhmah est cette première idée fulgurante qui vous fait ressentir que vous tenez une solution. « J’ai trouvé ! » pensons-nous, sachant que nous tenons là une grande et merveilleuse idée, sans en réaliser encore les tenants et aboutissants. Binah est l’élaboration. La compréhension des différents aspects d’un plan, d’une idée ou d’une solution. La Hokhmah englobe l’idée dans son intégralité, mais de façon condensée. Elle est parfaitement inefficace lorsqu’il s’agit de conjecturer le développement des détails d’une idée, comme la Binah peut le faire. D’un autre côté, celle-ci ne pourrait rien prévoir sans l’illumination et l’inspiration de la ’Hokhmah. Bien que les hommes comme les femmes mettent en œuvre aussi bien la ’Hokhmah que la Binah dans chacun de leurs processus mentaux, le mode masculin excelle naturellement dans la ’Hokhmah alors que le mode féminin se retrouve dans son élément dans la Binah. « Binah yéteira nitena la-Icha » disent nos Sages. Les femmes ont reçu une mesure supplémentaire de Binah intuitive.

Des études récentes en neurologie et dans d’autres composantes biologiques des hommes et des femmes ont mis en évidence ces différences ainsi que leurs différents domaines naturels d’excellence. Dans le domaine de la vision, par exemple : les yeux des hommes sont plus grands que ceux des femmes, ce qui leur permet une vue plus précise mais avec un champ visuel rétréci. Les femmes, en revanche, ont une vision périphérique plus large qui leur permet de capter ce qui se passe autour d’elles pratiquement à 180°.

On entendra souvent des épouses remarquer que leurs maris sont excellents lorsqu’il s’agit d’interpréter des cartes routières pour atteindre des destinations reculées, mais qu’ils se noient dans un verre d’eau en essayant de trouver deux chaussettes de même couleur dans leur propre tiroir… Ce sont là différents aspects de la dichotomie entre ‘Hokhmah et Binah : la perspicacité qui tranche avec précision dans un problème aux vastes dimensions, par opposition à une vision bien plus large qui sait englober l’ensemble des aspects du problème.

Ainsi, les hommes possèdent moins de cellules coniques photosensibles sur leurs rétines que les femmes. Moins sensibles aux nuances de couleur, ils auront ainsi tendance à décrire un objet comme étant rouge, bleu ou vert. Les femmes, possédant plus de cellules coniques, seront plus spécifiques dans leurs descriptions et parleront plus aisément de parme, Terracotta ou écru. Ces distinctions mettent en évidence la supériorité masculine dans le mode de la ’Hokhmah, la pensée concise et condensée, la vision plus précise mais dans un champs visuel limité. La Binah, en revanche, est le domaine d’excellence de la femme. Ses pensées ne sont pas aussi focalisées sur le résultat, mais elle perçoit de façon bien plus large l’ensemble des paramètres d’une problématique. Cette dichotomie est encore plus prononcée dans leurs styles de communication respectifs.


Des études montrent que les hommes utilisent le langage pour avoir l’ascendant dans une conversation et préfèrent pour cela les phrases succinctes qui vont droit au but. C’est pour cette raison que les hommes obtiennent statistiquement de meilleurs résultats aux tests de vocabulaire car l’expertise dans ce domaine est la clé d’une communication compétitive. Les phrases des hommes sont courtes, directes et vont à l’essentiel. Les femmes, d’un autre côté, utilisent souvent un langage indirect pour construire des relations. Leur esprit est axé essentiellement non sur le résultat, mais sur le processus, et elles utilisent le langage pour entraîner la participation d’autrui. Elles utilisent aussi plus naturellement les mots comme récompenses ou punition pour exprimer leur affinité ou leur indifférence vis-à-vis de quelqu'un. En outre, la puissante capacité « multitâche » de l’esprit féminin lui permet de parler et d’écouter simultanément et de suivre plusieurs sujets différents. Elle met ainsi le grand angle de sa Binah au service de la construction de ses relations.
Les hommes, d’un autre côté, interviennent dans une conversation le plus souvent pour tenter d’en prendre le contrôle. Leur manque d’aptitude « multitâche » fait qu’ils auront tendance soit à se taire soit à chercher à devenir l’orateur principal et considèreront le moindre mot de leur interlocuteur comme une interruption mal placée. Les femmes se demandent souvent, comme Sarah, pourquoi leur mari ne peut-il pas communiquer de façon plus ouverte ? Pourquoi ne peut-il pas partager ses pensées et ses sentiments de façon plus expressive ? Qu’est-ce qu’il pense vraiment ?

Le mode Binah dominant chez la femme aspire à une communication plus ouverte et à une connexion plus intime. 

Elle se délecte naturellement des détails d’une situation, des nuances de ton, des expressions du visage et des couleurs d’une expérience donnée. Les hommes, comme Joe, se demandent pourquoi les femmes ont besoin de rentrer autant dans les détails, de tellement parler. Pour quoi Sarah a-t-elle besoin d’analyser tous les détails de ce que je fais ou ce que je dis ? Ne comprend-elle pas que j’ai juste besoin d’un peu de temps pour me détendre sans parler ? Joe ne cherche pas à dissimuler des informations à Sarah. Il considère qu’un simple « Bien », « Nul » ou « Génial ! » constitue une communication suffisante de la façon dont il a vécu sa journée. Le mode ’Hokhmah dominant chez l’homme préfère une communication plus concise et directe, celle-ci étant considérée comme un moyen plutôt que comme une fin en soi.
En vérité, Sarah et Joe ne cherchent pas à s’agacer mutuellement. Ils sont tous les deux en train de communiquer. Sauf que cette « communication » se fait de façon différente – et signifie même des choses différentes – chez chacun d’entre eux. Les différences qui distinguent l’homme de la femme ont toujours été la source de l’attraction magnétique et du charme qu’ils exercent l’un sur l’autre. Cependant, ces différences peuvent être la cause de terribles frustrations entre époux mais aussi entre frères et sœurs ou collègues de travail.

 Rebecca vous reçoit du lundi au jeudi sur rendez-vous

La manière dont nous gérons ces différences au quotidien est déterminante pour la qualité de nos relations. Sarah et Joe doivent prendre conscience que leur conjoint est simplement en train de communiquer à travers son mode respectif, ’Hokhmah pour l’un, Binah pour l’autre, en accord parfait avec ses prédispositions génétiques. Cette prise de conscience est le premier pas à franchir pour atteindre une meilleure compréhension et, en définitive, une meilleur appréciation de l’autre. Sarah doit apprendre à considérer le besoin de son mari d’un temps de détente au calme quand il rentre du travail, tout comme Joe doit apprendre à trouver le temps de satisfaire le besoin de son épouse d’une intimité partagée par la communication. Un jour ou l’autre, il devront parvenir à dépasser leur mode de communication naturel pour pouvoir s’accorder l’un avec l’autre. La réciprocité dans l’échange est une composante essentielle d’une relation. Certes, cela implique un certain sacrifice mais la santé et la réussite de nos relations valent largement cet effort.

Chana Weisberg - Chabad.org

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