Si vous êtes sur le point de vous marier ou peut être déjà en couple et que vous vous posez encore de nombreuses questions à ce sujet, je vous invite vivement à lire l'article qui va suivre. Je ne vous en dis pas plus. Bonne lecture à tous et à toutes.
Un des concepts les plus étranges et les plus incompris et méconnus de la Torah se trouve dans les mots touma et tahara. Traduites souvent par « souillure » et « propreté » ou « impureté » et « pureté », les notions de touma et tahara – et par extension les lois de Nidda et de Pureté Familiale – suscitent souvent une réaction négative. Pourquoi, est-il demandé, une femme doit-elle être stigmatisée comme tamé, « impure » ? Pourquoi devrait-elle être amenée à se sentir diminuée à cause de processus biologiques naturels ?
Il faut toutefois savoir que ces objections proviennent d’une erreur fondamentale. La touma et la tahara sont essentiellement des concepts spirituels et non physiques. Les lois de touma, nidda et du mikvé appartiennent à la catégorie des commandements de la Torah appelés Houkim : des décrets divins pour lesquels aucune raison n’est donnée. Ces lois ne sont pas compréhensibles intellectuellement, telles que le sont l’interdiction du vol, du meurtre où les commandements qui commémorent des événements fondateurs de notre histoire, comme Pessa’h ou Souccot. Les lois de touma et tahara sont supra rationnelles, « au-dessus » de la raison. Et c’est précisément parce qu’elles se situent à un tel niveau de spiritualité, au-delà de ce que l’intellect peut saisir, qu’elles touchent à une partie très élevée de l’âme, une partie de l’âme qui transcende totalement la raison.
Cependant, même si l’esprit humain ne peut saisir la logique de ces décrets divins, nous pouvons néanmoins essayer de les comprendre spirituellement et rechercher leur sens et leur signification profonde. Pour cela, les enseignements de la philosophie ‘hassidique sont d’une aide inestimable, car l’étude de la Hassidout révèle l’aspect profond de la Torah, « l’âme de la Torah », et nous guide à travers des domaines que l’intellect humain ne peut atteindre par lui-même. Le Hassidisme s’attache à la perception directe de la Divinité sous-jacente dans chaque aspect de la Création, et met en lumière la source spirituelle de tous les phénomènes physiques.
La Touma : l’absence de sainteté
Le Hassidisme nous explique que dans son essence, la touma,
« l’impureté spirituelle » peut être définie comme
« l’absence de sainteté ». La sainteté est appelée
« vie » et « vitalité » ; elle est ce
qui est uni avec et émane de la source de toute vie, le Créateur.
La philosophie ‘hassidique précise ensuite que la véritable union
avec D.ieu, la vraie sainteté, signifie que l’existence propre
d’une personne est dans un état de bitoul, d’« annulation »
à D.ieu.
Et inversement, ce qui est éloigné ou séparé de cette source est
appelé « mort » et « impureté ». Selon les
lois de la Torah, la mort est la principale cause de touma.
Le plus haut degré de touma vient du contact avec un
cadavre.Les forces du mal sont appelées, dans la terminologie kabbalistique et ‘hassidique, la sitra a’hara, « l’autre côté ». Elles sont ce qui est « en dehors », loin de la présence et de la sainteté de D.ieu. Elles se développent dans le domaine où Il est le plus dissimulé et le moins ressenti, là où il y a le moins de sainteté. Dans un lieu où D.ieu n’est pas perçu, il y a naturellement plus de place pour une « opposition » à Lui. Spirituellement parlant, ce qu’il y a de plus mauvais et de plus impur chez une personne est, en premier lieu, l’affirmation de soi : l’ego repousse la présence de D.ieu et crée un espace vide, un lieu creux où la présence divine aurait dû se trouver.
Ceci est le sens profond, selon l’enseignement ‘hassidique, de l’expression « provoquer un hiloul Hachem », profaner le nom de D.ieu : c’est créer un halal (un vide), un lieu exempt de Sa présence. La sainteté est synonyme de bitoul : lorsqu’on ne se ressent aucune existence réelle qui soit indépendante de D.ieu. C’est pour cela, disent nos Sages, que l’arrogance équivaut à l’idolâtrie. Car l’idolâtrie dans son essence signifie qu’une chose est perçue comme indépendante du Créateur et s’affirme en lieu et place de Lui. Ainsi, si nous faisons abstraction de la connotation physique des termes « pur » et « impur » et nous nous concentrons sur leur véritable sens spirituel, nous voyons qu’ils signifient réellement la présence ou l’absence de sainteté.
Une importante distinction entre deux sortes de
touma
Ces domaines opposés existent pour que nous puissions avoir le « libre arbitre » quant au choix de notre comportement. À un niveau plus profond, explique l’enseignement ‘hassidique, lorsque nous rejetons le mal et choisissons le bien et, plus encore, lorsque nous transformons le mal en bien, nous effectuons une élévation non seulement de nous-mêmes, mais du monde entier qui contribue à le rapprocher de sa perfection ultime.
Dès lors, la finalité de la touma, « l’autre côté », est de nous permettre d’atteindre de plus hauts niveaux. Comme le dit le célèbre adage ‘hassidique : « Toute descente n’existe que pour mener à une plus grande élévation ». Ainsi, toutes les dissimulations de D.ieu ouvrent la voie à une plus grande révélation. Par exemple, quand l’âme descend dans ce monde pour y être revêtue d’un corps matériel, elle subit une incommensurable descente par rapport à son existence antérieure purement spirituelle. Le but de cette descente, toutefois, est de permettre à l’âme de s’élever encore plus haut dans son appréhension de D.ieu et d’atteindre un niveau encore plus élevé qu’avant qu’elle descende ici-bas. Ce n’est qu’à travers le vecteur du corps physique qu’elle peut atteindre cette élévation, en servant D.ieu dans ce monde matériel inférieur.
D'un côté, il y a donc la dissimulation et l’impureté ici-bas, dans le monde matériel ; mais de l’autre, ce n’est qu’à travers la lutte qu’elle mène ici-bas que l’âme peut s’élever plus haut.
Nous devons alors faire la distinction entre deux sortes de touma, deux sortes de « descente » : il y a la touma que nous créons nous-mêmes lorsque nous repoussons volontairement la présence divine et créons ce vide, et il y a la touma que D.ieu a créée comme partie intégrante de la nature.
Cette distinction est fondamentale pour notre compréhension du sujet de Nidda (lois relatives à la menstruation). La touma, l’impureté liée à un péché, est un vide que nous créons et par lequel nous nous dégradons. La touma de nidda, quant à elle, est une composante du cycle menstruel mensuel naturel de la femme. Sa « descente » d’un sommet de sainteté potentielle (c’est à dire là où la création d’une nouvelle vie est possible) ne signifie pas qu’elle est, D.ieu préserve, « pécheresse», « dégradée », « inférieure » ou « stigmatisée ». Au contraire, c’est justement parce qu’une telle sainteté réside dans la possession par la femme du pouvoir divin de créer, comme ex nihilo, une nouvelle vie à l’intérieur de son corps, qu’il y a la possibilité d’une plus grande touma – mais aussi d’une grande élévation.
L’idée que, plus il y a de sainteté, plus il y a d’opportunités pour les forces impures d’entrer n’est pas en contradiction avec ce qui a été dit auparavant : que les forces de « l’autre côté » peuvent se développer n l’absence de sainteté. Les forces du mal sont également appelées klipot, « enveloppes » ou « écorces », pas seulement parce qu’elles recouvrent et cachent les étincelles de sainteté intérieures qui donnent la vie à toutes les créatures, mais aussi parce que, comme l’écorce ou la peau d’un fruit, elles ne tirent leur vitalité que de cette étincelle de sainteté, qui en est la seule substance réellement vivante. Lorsqu’elles sont séparées de leur partie intérieure, elles n’ont plus de source de vie et « meurent ».
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Pourquoi l’accouchement entraîne-t-il une touma ? Le Rabbi de Kotzk explique que la touma s’installe au départ de la sainteté. Or, comme le dit le Talmud, D.ieu s’implique directement dans chaque naissance et ne délègue aucun pouvoir en la matière à Ses « messagers ». C’est donc un très haut degré de sainteté qui s’exprime dans la naissance d’un enfant, car celle-ci met en œuvre l’un des plus sublimes pouvoirs de D.ieu : celui de créer ex nihilo, quelque chose à partir du néant. Après la naissance, cette intense sainteté, cette puissance divine, « se retire », laissant ainsi derrière elle un plus grand potentiel de touma.
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Ce raisonnement nous permet de comprendre pourquoi la naissance d’une fille entraîne une plus longue période de nidda : cette enfant possède elle-même le pouvoir de créer à nouveau la vie « à partir de rien ». Ainsi, du fait de ce plus grand potentiel de sainteté, il peut y avoir plus de touma. La même chose est vraie à propos du cycle menstruel de la femme : chaque mois, ce grand potentiel de sainteté – la possibilité qu’a la femme de mettre en œuvre le sublime pouvoir de création – atteint un point culminant dans son corps (une « ascension »). Lorsque ce potentiel n’est pas concrétisé et que la sainteté se retire, les résidus matériels de ce potentiel, désormais sans vie, quittent le corps. Et cette « descente » est sujette à la touma : c’est précisément à cause du haut niveau de sainteté présent dans le processus de création que la touma peut survenir.
Mais ici aussi, cette « descente » dans le statut de nidda a pour finalité une ascension à un degré plus élevé, à travers la purification dans le mikvé et le départ d’un nouveau cycle qui amènera à un plus haut niveau de sainteté le mois suivant. Le mikvé – comme nous allons à présent l’expliquer – donne à la femme la capacité de s’élever plus haut encore que le mois précédent. En ce sens, le mikvé et le cycle menstruel peuvent être comparés au Chabbat et au cycle hebdomadaire de chaque Juif. L’alternance du saint jour de Chabbat avec les jours profanes de la semaine est de la même façon un cycle d’ascension et de descente, qui se reproduit tous les sept jours. Les six jours de la semaine mènent au Chabbat, au cours duquel le monde est sublimé, purifié, et s’élève jusqu’à sa source. Chaque Juif reçoit alors une « âme supplémentaire », qu’il perd au départ du Chabbat. Il doit alors de nouveau « descendre » affronter les défis de la semaine à venir. C’est cette lutte pour nous purifier, nous et le monde que nous affrontons au cours des six jours de la semaine, qui devient élevée le Chabbat et nous permet de nous élever toujours plus haut chaque semaine, dans une progression constante.
Considérons un autre cycle : celui de l’alternance journalière entre le sommeil et l’éveil. La Torah prescrit que chaque personne se lave rituellement les mains au réveil pour retirer « l’esprit impur » qui s’attache à elles pendant le sommeil. Durant celui-ci, la sainteté « se retire » du corps : notre âme, est-il dit, « monte vers sa source » En-Haut. De nouveau cette même « loi naturelle » permet à l’impureté de s’installer. Toutefois, si nos mains sont assurément « tamé » au réveil, mais elles ne sont pas « mauvaises ». Ceci vaut aussi pour la touma de la partie « basse » du cycle mensuel de la femme. Elle est le résultat d’un départ de la sainteté et non un état de dégradation, d’infériorité ou de honte.
Rabbi Menahem Mendel Schneerson de mémoire bénie, propose une compréhension encore plus profonde de la nature de ces « creux » ou « descentes ». Dans la mesure, disait-il, où la descente est de fait une préparation nécessaire à la montée, et que sa finalité est précisément cette remontée, la descente en elle-même n’est rien d’autre qu’une partie de la remontée. Le Rabbi explique pourquoi la Torah, en énumérant tous les voyages du peuple juif dans le désert, décrit également les endroits où ils se sont reposés comme des « voyages ». Car du fait que le repos était une préparation du voyage qui suivait, les lieux où ils se reposèrent sont inclus dans leur progression. Ou comme dans notre exemple précédent : le sommeil donne la force à chacun de s’élever plus encore le jour suivant, et fait donc partie intégrante de cette élévation, bien qu’il paraisse être un état inférieur pour le corps.
De façon plus globale, il en est de même, explique le Rabbi de l’exil du peuple juif parmi les nations. Si l’exil avait pour seul but de nous punir de nos péchés, il aurait dû s’amoindrir avec le temps. Au lieu de cela, il s’empire de jour en jour. (La dissimulation et l’obscurité, cependant, constituent une préparation pour – et c’est là leur finalité – une grande révélation, la grande lumière de l’ère de Machiah ; ainsi, plus nous approchons de cette lumière, plus les ténèbres s’épaississent.) Le but profond de l’exil est qu’à travers le raffinement de notre personnalité et du monde, nous atteindrons finalement un plus haut degré de sainteté et d’unité avec D.ieu qu’il n’en a existé même pendant la période du Premier Temple.
Comparaison avec la lune
Le troisième Rabbi de Loubavitch (le Tsema’h Tsedek) explique qu’à Roch Hodech la lune est renouvelée, « purifiée », et « s’unit » à nouveau avec le soleil : elle reçoit de nouveau ses rayons. Cette union du soleil et de la lune à Roch Hodech correspond à l’union de l’homme et de la femme à l’issue des jours de nidda. Et de la même façon qu’une femme se renouvelle chaque mois, le peuple juif se renouvellera au temps de sa rédemption, qui verra l’apogée de son union suprême avec D.ieu.
Comme le dit le Talmud, quand les Juifs furent exilés, la Chekhinah, la « présence résidente » de D.ieu partit en exil avec eux. Comme le souligne le Tsema’h Tsedek, les lettres hébraïques du mot nidda signifient également nod Hé : « D.ieu erre ». Il est en exil avec le peuple d’Israël. Ainsi, la réunion du soleil et de la lune à Roch Hodech reflète-t-elle l’union de l’homme et de la femme, et de D.ieu et du peuple juif, cette relation étant elle-même comparée avec celle du mari et de la femme.
Le sens du Mikvé
Tel est la finalité profonde du mikvé : permettre à une personne d’atteindre son état de bitoul, « d’annulation », de « néant intermédiaire » entre les deux niveaux de sa progression. Comme le souligne l’enseignement ‘hassidique, les lettres du mot hébreu bitoul forment dans un autre ordre tevila – « immersion » – ce qui constitue une indication supplémentaire de leur interconnexion spirituelle.
Pour accomplir la mitsva du mikvé, il faut s’immerger totalement, être entièrement enveloppé par l’eau. Cette complète immersion de soi signifie perdre son existence indépendante, sortir de soi-même en devenant un réceptacle pour la sainteté. Maimonide écrit dans son Code de Loi Juive, le Michné Torah, que cette immersion requiert l’intention du cœur, l’intention de se purifier spirituellement de toutes les mauvaises pensées et défauts, pour amener son âme dans « les eaux de la compréhension la plus pure ».
La Hassidout montre un autre lien édifiant entre ce concept du mikvé et la nature du grand déluge qui eut lieu à l’époque de Noah. Pourquoi, est-il demandé, l’eau fut-elle précisément l’élément choisi pour nettoyer le monde du mal ? Et pourquoi le déluge dut-il durer autant de temps, quarante jours et quarante nuits ? Car s’il ne s’agissait que de punir les pécheurs, D.ieu pouvait le faire en un instant.
La réponse de l’enseignement hassidique est que le déluge n’était pas seulement une punition, mais également une purification du monde. Les eaux enveloppèrent complètement la terre et ces quarante jours et quarante nuits correspondent à la mesure des quarante séah d’eau requis pour faire un mikvé « cachère ». Les eaux du déluge nettoyèrent le monde par immersion de la même façon que l’on est purifié par immersion dans les eaux du mikvé. La séparation et la suppression de tous les éléments extérieurs et indésirables a pour finalité ultime d’amener le monde (et la personne) à un niveau plus élevé.
Ainsi, la boucle est bouclée : la cause fondamentale de la touma est la séparation d’avec D.ieu ; et être uni à Lui signifie être « annulé » à Lui, perdre le sens de sa propre existence indépendante et être rattaché à sa source. Selon la Torah, cependant, on est purifié au moment où on sort du mikvé et non lorsque l’on s’y trouve immergé. Comme le Rabbi l’expose, cela signifie que le but ultime de notre élévation spirituelle, nos « montées », n’est pas de se retirer du monde. Le but de la création est « de faire une demeure pour D.ieu dans les mondes inférieurs », c’est-à-dire d’agir sur « l’extérieur », en amenant la sainteté dans les niveaux les plus bas de la réalité. Malgré le haut degré spirituel qu’une personne puisse atteindre, elle n’est pas purifiée tant qu’elle n’est pas «sortie », tant qu’elle n’agit pas sur « l’extérieur ».
En pratique, cela signifie que « l’essentiel est dans l’action » : l’action dans le monde, dans le raffinement de son propre être intérieur, et aussi de sa propre part du monde, pour faire « une demeure pour D.ieu ». Tout comme l’état d’élévation du Chabbat est appelé la « source de bénédiction » pour la semaine, et Roch Hodech l’est pour le mois, la purification de la personne au mikvé doit imprégner ses pensées, ses paroles et ses actions après qu’elle sera sortie du mikvé.
La Hassidout explique également que l’accomplissement des mitsvot procure les « vêtements » de l’âme. Le moment de la conception est crucial, la disposition d’esprit et la pureté des parents déterminent, dans une grande mesure, les « vêtements » que l’âme de l’enfant conçu portera.
En somme, non seulement les lois de la Pureté Familiale ont-elles une signification profonde, mais, comme l’explique le Rabbi de Loubavitch z'l, l’accomplissement de cette mitsva a une influence directe et profonde sur la santé spirituelle et physique de nos enfants et, par extension, sur toutes les générations du peuple juif pour l’éternité.
Dr Susan Handelman
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