Rabbi Israël Meïr Kagan (1839-1934), plus connu sous le nom de son livre Hafets Haïm, aujourd’hui le nom d’un kibboutz religieux au sud d’Israël, avait très tôt compris l’importance considérable du verset suivant : Mi Ha Ich Hé - Hafets Haïm, verset des psaumes (34,13-14) Qui est l’homme qui aspire à la vie ? Préserve ta langue du mal et des discours perfide. Éloignes-toi du mal et fais le bien... Ce grand érudit, en fit le but de toute son existence. Peu avant sa mort il voyageait encore de ville en ville pour offrir l’élixir de la vie.
Nos sages nous enseignent que la médisance met en danger au moins trois personnes : celle qui médit, celle qui écoute et celle dont on parle. Pourquoi en danger ? Car sur ces trois personnes est alors attiré le jugement divin ; or, sommes-nous irréprochables pour braquer sur nous le projecteur ? La plupart d’entre nous ne savent pas qu’une parole négative sur autrui, est condamnable : dans ce domaine le mauvais penchant est très fort, et c’est à chacun de nous de chercher ce qui nous empêche de maîtriser notre langue, organe présomptueux. Les causes du lachone Hara sont l’orgueil, le laisser- aller, la colère, la moquerie, et souvent le manque de confiance en Hachem et ceci nous amène à nous plaindre et donc à médire.
Une oreille complaisante
Pourquoi celui qui écoute subirait-il le même sort que l’accusé» et l’avocat général» ? Parce qu’ici l’auditeur est coupable de non assistance à personne en danger. S’il n’ y a avait pas d’auditoire, il n’y a aurait certes pas de médisance. Mais il faut reconnaître qu’écouter de mauvaises paroles sur autrui nous fait plaisir, et soulage nos bas instincts, ce qui explique le succès de la presse à scandale qui flatte notre mauvais penchant.
Dire du bien d’autrui en présence d’au moins trois personnes comportent aussi un danger, car plusieurs réactions peuvent en découler Si je n’aime pas la personne dont on fait l’éloge, j’en concevrai encore plus d’acrimonie et de jalousie envers elle.
Même si l’on commence par des louanges par un effet de balance intérieure on finit , si la conversation se prolonge, par trouver aussi du mauvais à en dire, surtout si l’interlocuteur se lasse et attend autre chose. Alors que faire si même dire du bien devient sujet de conflits ? Si l’on est content de quelqu’un, admiratif, reconnaissant, mieux vaut adresser directement à lui, ou par notre comportement bienveillant le lui faire sentir. Un geste, une attention, un sourire seront cadeaux et outils de communication meilleurs que la parole parfois encombrante.
Vertu et limite du silence
La nature humaine a horreur du vide, dit-on et l’homme moyen meuble le silence de toutes manières possibles. En dehors des paroles de torah, le sage connaissant les méfaits de la langue choisit le silence et évite du même coup la moquerie, la grossièreté, la flatterie, le mensonge, la médisance, le blasphème. Le traité Pessahim (99a) ajoute : Si le silence est bon pour le sage, il l’est encore davantage pour le sot. Pourtant, il sera de notre devoir d’intervenir si l’on entend dénigrer autrui pour prendre la défense de la victime ; car ici, un silence sera compris comme approbation et le médisant ira de plus belle.
Pourquoi la médisance ?
Nous ressentons tous le besoin de nous confier à un proche des frustrations et injustices subies au travail, déceptions amicales ou sentimentales. Alors nous déblatérons sur l’autre, car nous nous sentons en état de légitime défense, ayant été déçu, trahi, bafoué, en un mot victime. Mais de ce statut, nous passons immédiatement à celui de criminel dès lors que nous médisons : la mauvaise langue est une arme, elle est un glaive qui peut tuer à distance.
Il y a des mots qui tuent… En fait si l’on était honnête envers soi-même, on conviendrait que c’est notre faiblesse, notre laisser-aller, notre égocentrisme qui nous inclinent à agir de la sorte ; si je fais mon examen de conscience, j’essayerai de comprendre pourquoi l’autre a agi comme il l’a fait. Est-ce ou non justifié ? A moi alors de régler le différend éventuel avec cette personne. Ce faisant, je me place au dessus de l’événement, au lieu de me laisser dépasser par ma langue vengeresse.
Comment lutter ?
La médisance menace à tout instant. Que faire pour l’enrayer ? Tourner 7 fois sa langue dans sa bouche, comme le dit la sagesse populaire, ce qui permet de réfléchir et de désamorcer sa colère. Avant de médire, méditez, refuser fermement d’écouter de la médisance.
Évitez toute tentation de laisser- aller, souvenez-vous que la médisance est signe de lâcheté, et de faiblesse. Maîtriser sa langue, c’est renforcer sa foi et augmenter sa confiance en soi.
S’habituer à tout voir de manière positive. La médisance vient de ce que les gens voient le mal partout, pessimisme, amertume, sentiment d’injustice, se transforment vite en agressivité verbale.
Étudier les lois de la médisance les deux livres que nous citons ici nous y invitent. Il faut se réunir régulièrement à deux ou à plusieurs pour en étudier le fondement. Il faut étudier ses manifestations et ramifications pour en comprendre la portée profonde et y travailler.
La faute de la médisance est à la source de la majorité des fautes envers son prochain et quelques unes envers Dieu ” résume le Hafets Haim. L’éviter nécessite un amour très fort du prochain.
Selon le principe biblique “mesure pour mesure” un homme qui surveille sa langue sera jugé favorablement. Pour ce faire, il doit rechercher la paix, l’entente avec les autres car “grande est la force du chalom, et s’il règne en Israël, le Yetser hara ne peut l’attaquer” disent nos textes.
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