Dossier exclusif : Après 16 ans, une femme juive « piégée » par le refus du guet du mari, gagne une bataille judiciaire internationale sans précédent (2ème partie)
Il a fallu une lutte de 16 ans pour obtenir un guet (divorce religieux juif) qui a pris fin mercredi dernier dans une affaire sans précédent, qui a débuté devant les tribunaux rabbiniques de Tel Aviv et s’est terminée au Beit Din (tribunal de droit juif) à Brooklyn, NY.
L’affaire avait suscité une attention considérable dans les médias et le public au fil des ans en raison de la nature influente du père du refusant et des efforts que le tribunal rabbinique était prêt à faire pour parvenir à ce résultat.
L’histoire a commencé il y a 16 ans, alors qu’elle était mariée depuis plusieurs années, D* s’est rendue en Israël avec leurs deux jeunes enfants pour rendre visite à ses parents. Peu de temps après son arrivée, D* a subi un grave accident vasculaire cérébral, la laissant à l’hôpital où on lui a diagnostiqué des dommages neurologiques qui affecteraient sa mobilité et sa fonction globale. Après avoir entendu le diagnostic, son mari a pris la décision d’abandonner la famille mais a refusé de lui accorder le guet - divorce religieux juif.
Pendant plus d’une décennie, D a été laissée seule comme ses enfants, tout en luttant pour sa propre santé et sa réadaptation. Ses demandes d’obtention ont été refusées à plusieurs reprises.
En 2012, D s’est tourné vers Yad La’isha, le Centre d’aide juridique pour les agounot – littéralement, les femmes enchaînées – en référence à celles dont les maris refusent de leur donner le divorce, ce qui leur permettrait de se remarier. Yad La’isha (en hébreu signifiant « un coup de main pour la femme ») est dirigé par Ohr Torah Stone, un mouvement juif orthodoxe moderne en Israël. Après examen, l’avocate de D, Devorah Brisk, a reconnu que la réticence du mari était en fait dirigée par son père, une figure riche et influente de la communauté ultra-orthodoxe.
Dans une décision d’un tribunal rabbinique qui a fait jurisprudence en 2016 à la suggestion d’Adv. Vif, le père s’est vu refuser un permis de sortie alors qu’il tentait de retourner à New York après un voyage en Israël. Le tribunal a jugé que le père était effectivement coupable d’avoir influencé son fils en refusant le guet et se verrait refuser la sortie jusqu’à ce que le divorce soit prononcé. Il est resté dans le pays depuis, représentant la première fois en Israël qu’une personne autre qu’un conjoint pourrait être tenue responsable d’ avoir maltraitée une victime.
Face au refus persistant de la famille d’accorder la liberté à D, au cours de l’année écoulée, le tribunal rabbinique a décidé d’intensifier la pression avec des amendes de 5 000 NIS pour chaque jour auquel le fils a refusé d’acquiescer. Une amende supplémentaire de 120 000 $ a été imposée au mari à New York dans une affaire judiciaire civile locale pour payer la pension alimentaire pour enfants en souffrance.
À la suite de ces mesures combinées continues, l’homme a finalement accepté d’accorder sa liberté à D à condition qu’elle vienne à New York avec ses enfants et y reçoive le droit d’entrer dans le Beit Din. Comprenant la sensibilité unique entourant la sécurité personnelle des parties impliquées ainsi que la santé encore fragile de D, le réseau Ohr Torah Stone a assuré une sécurité 24 heures sur 24 et un soutien médical à temps plein avec l’accompagnement de son avocat.
Traduit de l'anglais par
* Par souci de confidentialité, le nom ne peut être dévoilé
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