Coutumes de Chavouot, arrosées de lait et de miel


La veillée de Chavouot

Une coutume consiste à veiller pendant toute la nuit de Chavouot. D’ailleurs, nos sages soulignent que ceux qui observent cette coutume auront l’assurance de ne subir aucun préjudice jusqu’à la fin de l’année (Béer Hétev au nom du Chaar Hakavanot). Pendant cette nuit, certains ont la coutume d’étudier librement, alors que d’autres préconisent la lecture d’un « tikoun », qui consiste à lire différentes sections de la Torah (Tanakh, Michna, Zohar, etc.) Le Hida remarque que le principe même de cette veillée, provient des enseignements de la Kabbale et du Ari Zal.  


Une coutume très répandue consiste à consommer des mets lactés pendant Chavouot (Rama ad loc.). Différentes explications sont données à son sujet : le fait de consommer à la fois du lait et de la viande le même jour rappelle les Deux pains approchés en ce jour dans le Temple (Rama). D’autres invoquent l’idée que pendant les sept semaines séparant Pessa’h du Don de la Torah, les enfants d’Israël étaient semblables à une femme qui se purifie de son cycle menstruel grâce aux « sept jours pureté ». Or, le sang que ces jours viennent purifier se change, au moment d’une naissance, en lait. La consommation de lait rappelle donc cette idée, et suggère aussi le passage de l’Attribut de Rigueur – symbolisé par le sang – à celui de la Miséricorde – que rappelle le blanc du lait (Maguen Avraham). D’autres enfin rapportent la coutume de manger à la fois du lait et du miel, pour rappeler qu’il est dit de la Torah (Chir Hachirim 4, 11) : « Du miel et du lait sous ta langue » (‘Hok Yaacov au nom du Kol Bo).

Beaucoup de communautés ashkénazes ont l’habitude de consacrer la totalité du repas du soir aux plats lactés. Cependant, de nombreux décisionnaires semblent désapprouver cette habitude, dans la mesure où un repas de fête digne de ce nom doit être obligatoirement accompagné de viande. C’est pourquoi ils préconisent de garder ces mets pour le kidouch du matin, en prenant cependant soin de séparer convenablement les plats lactés de la viande du repas de fête (Darké Téchouva 89).

Notons enfin que pour Chavouot, certains avis permettent exceptionnellement de ne pas séparer la consommation de viande et de lait d’une attente de six heures, pour pouvoir consommer des plats lactés pendant l’après-midi de fête (‘Hok Yaacov au nom du Kol Bo). Mais visiblement, cette autorisation n’a absolument pas été retenue pas les décisionnaires

Autres coutumes

Concluons par quelques autres coutumes intéressantes concernant la fête de Chavouot. Beaucoup de communautés ashkénazes ont l’habitude de manger des kreplakh – sorte de raviolis – dont la forme à trois angles rappelle que la Torah est composée de trois parties – Torah, Prophètes, Hagiographes –, et qu’elle fut donnée à un peuple divisé en trois campements – Cohen, Lévi et Israël (cf. Chabbat 68). D’autres ont la coutume d’assaisonner leurs plats avec du safran, dont la couleur rappelle le miel. Enfin, certains confectionnent de longs pains, dont les extrémités se divisent en deux, de sorte à former quatre angles. De la sorte, on rappelle les Deux pains approchés au Temple pour Chavouot. En outre, ce dédoublement des pains rappelle que le mois de Sivan est placé sous le signe astrologique des Gémeaux (‘Hok Yaacov).

Yonathan Bendennoune

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